Obligation de qui? Résultats de quoi? (page 3)


Les buts et les objectifs

Il est essentiel ici de faire une nette distinction, même si elle est subtile, entre les buts d’une organisation telle que l’école et ses objectifs .

Un but est ce vers quoi tend l’effort de l’organisation, sans qu’elle n’en contrôle tous les paramètres. Ainsi, un corps de police peut avoir pour but de réduire le nombre de crimes ou d’accidents (but quantitatif) ou d’accroître le sentiment de sécurité des citoyens (but qualitatif). On le voit, ce n’est pas la fameuse distinction quantitatif-qualitatif (qui a pourtant alimenté tant de discussions à l’occasion des plans de réussite) qui permet de dissiper la confusion entre fins et moyens, buts et objectifs, processus et résultats; elle n’a, finalement, qu’une importance instrumentale.

Alors qu’un but est formulé pour mobiliser l’action, un objectif , par contre, est formulé pour être atteint. Ainsi, un corps de police peut se fixer des objectifs tels que réduire le délai d’intervention après un appel d’urgence, accroître la fréquence des patrouilles ou informatiser ses fichiers criminels. Poser une intention en termes d’objectifs suppose que l’on dispose de tous les moyens pour l’atteindre et que l’on contrôle les déterminants essentiels de sa réalisation. Sur cette base, on peut s’engager à atteindre un objectif, on peut se rendre responsable de son atteinte et on peut se faire demander des comptes sur la progression des moyens vers cet objectif. Un but, par contre, qu’il soit quantitatif ou qualitatif, on ne peut que le viser, le souhaiter, y travailler, y contribuer. Il ne peut fonder ni responsabilité, ni engagement ni donc obligation.

Alors, qu’en est-il de la réussite scolaire dans une école? On aura compris qu’il s’agit, bien évidemment, d’un but et non d’un objectif . Son utilité mobilisatrice est évidente et la progression de l’établissement vers le but se traduit, bien entendu, en résultats scolaires. Ce qui nous semble manquer cruellement à la logique sous-jacente aux plans de réussite, ce sont des véritables objectifs, au sens où nous venons de le définir. On ne le dira jamais assez : une école ne peut contracter d’engagements et d’obligations (et ne peut donc être évaluée) que sur la base d’objectifs, et non de buts. Et les résultats scolaires, fer de lance de l’opération ministérielle, relèvent hélas des buts et non des objectifs.

Ces résultats scolaires sont l’outil de désespoir sur lequel on se rabat lorsque l’on a renoncé à avoir une prise, ou même de simples informations, sur les processus. Et, parce que l’école est un lieu de production de processus bien davantage qu’un lieu de production de résultats scolaires, il faut centrer ses obligations sur les processus. À moins de redéfinir les « résultats de l’école » comme différents des résultats scolaires de ses élèves. Et dans ce cas, résultats de quoi?

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